Histoire de Nédroma

  Nédroma et les Almoravides
  Les Almoravides et la Quaraouiyine
  Nédroma a vu naître Abd-El-Moûmin
  Le Royaume de Tihert
  Cheïkh Kaddour Benachour
  Sidi Ahmed el Bejai :
     
Nédroma et les Almoravides

Kasba de NedromaC'est en 1035 que les Almoravides, vont entrer dans l'Histoire. Guidés par le Saharien Yoûsof, fils de Tachfin, ils s'attribuent une mission religieuse. Yoûsof a laissé les plus beaux monuments de l'art musulman, en Algérie. A la première étape de sa traversée, il remonte à agadir où il fonde Tagrart qui sera son lieu de résidence. Son modeste palais sera plutôt une dépendance de la Grande Mosquée. Tlemcen ne fut qu'une étape ; les Almoravides s'emparèrent de Nédroma, Ténès, mais ne dépassèrent pas Alger. Les mosquées sont le plus beau legs des Almoravides. La date de la construction de la Mosquée de Nédroma est attestée par une inscription sur bois de cèdre qui couronnait le Minbar. Ces vestiges sont conservés au Musée des Antiquités du Parc de la Liberté à Alger. C'est aussi l'inscriptin de la chaire qui nous permet de dater la Grande mosquée d'Alger (1096). La salle de prière de la mosquée de Tlemcen, construite vers 1082, allait recevoir en 1136 des embellissements révélant l’influence de l’Andalousie. C’est à l’imitation de la grande mosquée de Courdoue en effet, que celle de Tlemcen doit le somptueux cadre de son mirhâb et la coupole sur nervure qui le précède. Les arceaux de la coupole s'entrecroisent et soutiennent des panneaux de plâtre ajourés. S'y ajoutent des éléments de l'art hammadite telles les stalactites qui surmontent les arceaux entrecroisés.

retour

Mosquée de TlemcenA Nédroma comme à Tlemcen et à Alger, l'art andalou exerce une grande influence. Pur la Grande Mosquée de Tlemcen, Yoûsof voulait un édifice simple et ainsi apparaît-il au visiteur qui pénètre dans la Mosquée par la face latérale. Le dépouillement architectural, où nous reconnaissons l'austérité du chef Saharien, fait contarste avec l'abondance décorative de la nef centrale, plus tardive, avec ses plafonds aux poutres sculptées, le mirhab qui se creuse dans le mur du fond et la coupole qui précède cette niche. Une inscription sur la corniche nous indique qu'elle fut exécutée en 1136. Le cadre du mirhab et la coupole dont les arceaux s'entrecroisent et soutiennent des panneaux de plâtre ajourés s'inspirent de la Grande Mosquée de Cordoue. S'y ajoutent des éléments de l'art hammadite telles les stalactites qui surmontent les arceaux entrecroisés.
retour

Les Almoravides et la Quaraouiyine.

Les Almoravides apportèrent aussi une contribution décisive à la refonte de la Quaraouiyine. En effet, c’est sous les Almoravides, au faîte de leur ascension, que la Quaraouiyine va enregistrer sa refonte architectonique la plus importante. Elle sera dotée par là-même, d’une oeuvre ornementale prestigieuse, où l’art andalou-maghrébin allait s’exprimer au plus haut de son apogée. Sur le plan socio-culturel, dès le Xème siècle, la Quaraouiyine avait commencé à s’affirmer comme un centre d’enseignement, comme un élément dynamique par lequel l’espace social pouvait trouver, dans la conscience musulmane qui se l’appropriait, sa signification et sa prégnance. Au XIIème siècle, toute une série de noms parmi les plus grands vont être associés d’une manière ou d’une autre à la Quaraouiyine : les grands précurseurs du taçawwouf, tels Ibn Hirzim, Abou Madyane, Abdeslam Ben Mchich, les philosophes Ibn Baja et Ibn Rochd, pour ne citer que ceux-là. Fès allait devenir, selon l’expression de J. Berque, "un centre initiatique", grâce à la Quaraouiyine qui se présentait alors comme la première université du monde musulman. En outre, avec la création des médersas, elle allait être dotée d’une structuration des plus élaborées de l’institution d’enseignement en Islam.

 

retour

Nédroma a vu naître Abd-El-Moûmin Grand Chef guerrier des ALMOHADES.

A la fin du règne d'Ali Ben Yoûsof en 1192, les Masmoûda disposaient déjâ de forces redoutables. Se dirigeant vers l'est, les troupes Almohades commandées par Abd-El-Moûmin arrivèrent aux monts de Tlemcen. En Espagne comme au Maghreb, les Almoravides furent incapables de résister aux Almohades. Seuls échappèrent les "hommes voilés", qui tenaient les Baléares : les Béni Ghânya, qui joueront un rôle non négligeable dans l'histoire de l'Algérie. Ibn Toûmert, dit El-Mahdi, fut le précurseur du mouvement almohade. Disciple du théologien Ghazali, ce réformateur veut appliquer en Occident les préceptes de son maître. Partout, il censure les abus et captive les auditeurs par son éloquence. Il porte contreverse sur le terrain de la théologie alors que les Almoravides faisaient de la jurisprudence, leur arme de combat. Ses partisans; les "Al-Muwahhidûn" (les Unitariens), professaient le dogme de l'unité de Dieu dans toute sa pureté. L'Algérie va prendre place dans l'histoire frâce au rôle joué par Abd El-Moûmin, né à Nédroma. Grand Chef guerrier, il dirigea troiscampagnes qui conduisirent à l'unification de l'Afrique du Nord. De cette époque date le premier cadastre de l'Afrique du Nord en 1159, Abd El-Moûmin ordonna l'arpentage de l'Ifroquiya et du Maghreb. On mesura depuis la Cyrénaîque jusqu'à l'oued N'oun, de long en large. On retrancha de cette surface un tiers pour les montagnes, les rivières, les lacs salés, les routes et les déserts. Les deux tiers restants furent frappés du Kharadj ou impôt foncier. Ce fut là une grande innovation. Les Almohades souverains du Maghreb jouissaient d'un grand prestige tant en Orient qu'en Occident. Cependant l'Empire Almohade, rongé par les luttes intestines pour le puvoir et par la difficulté de gouverner un si vaste empire, commeçait son déclin. Ce fut d'abord l''Espagne, qui échappa au califat almohade, suivi par la Tunisie (1236) avec les Hafsides, Tlemcen (1239) avec les Abd-Alwadides, le Maroc (1269) avec les Merinides, qui prirent Marrakech. Ce fut la fin de la dynastie almoravide. C'est ainsi que la dynastie berbère des almohades régna sur l'Afrique du Nord et sur la moitié de l'Espagne de 1147 à 1269.

Mosquée de NedromaTout aussi grands bâtisseurs que les Almoravides, allaient se révéler leurs successeurs, les Almohades. De nombreux édifices religieux que bâtirent les souverains de cette dynastie, cinq mosquées seulement nous sont actuellement connues. Les deux principales datent de Abd El-Moûmin (1130-1163), la mosquée de Tinmall et la Koutoubia. Les trois autres mosquées furent construites par Abou Yacoub Youssouf (1163-1184) et Yacoub El Mansour (1184-1198). Les règnes de ces deux souverains, celui du second surtout, voient l’apogée de la puissance almohade. La mosquée Hassan, que Yacoub Al Mansour bâtit à Rabat, était plus spacieuse encore que la grande mosquée de Séville, mais ne fut jamais terminée. L’architecture et le décor du minaret de la Koutoubia (terminé en 1196), ceux de la Tour Hassan et de la Giralda diffèrent par les matériaux employés. L’élégant minaret de la Koutoubia est en moellons, la robuste Tour Hassan en pierre de taille et la Giralda doit à la brique la grâce de sa parure. L’ordonnance générale et les dispositions intérieures sont les mêmes. Les éléments du décor étaient également fixés, mais ils prêtaient à une variété de composition qui créait la personnalité de l’édifice. Enfin, n’omettons pas de signaler, outre les mosquées, ces oeuvres caractéristiques de l’art almohade : les portes monumentales (à Rabat par exemple, Bab Rouah et la porte des Oudaïas), à la fois oeuvres de défense et symboles de majesté du souverain.
retour
Le Royaume de TIHERT :
LES ROSTEMIDES

La carte politique de l'Afrique du Nord qui va de la Tripolitaine à l'Océan Atlantique, présente au IXème siècle, la division que nous connaissons encore. Trois royaumes se juxtaposent : Tunisie, Algérie et Maroc. Au Maghreb central, l'Algérie est gouvernée par la dynastie des Rostémides, qui règnent dans Tihert, près de l'actuel Tiaret. A leur simplicité d'ascètes, ces Imams joignent le goût de l'étude et une culture de savants. Dans Tihert, ils assemblent de riches bibliothèques et ils envoient en Orient des missions pour acheter des manuscrits. La science passionne leur entourage : les femmes de leurs familles s'adonnent à l'examen du dogme, de l'exégèse coranique, des pratiques du culte et de la jurisprudence islamique. D'autres sciences captent leur intérêt, en particulier l'astronomie au sens large du terme.

LES FATIMIDES

La civilisation musulmane atteint son apogée avec les Fatimides qui rayonnèrent pendant trois siècles (du Xe au XIIe siècles). De cette époque date la Kalaa des Beni-Hammad. Erigée sur une pente que circonscrivent des ravins, elle est dominée par des hauteurs rocheuses qui lui servent d'observatoire et l'alimente en eau. Aujourd'hui, le minaret de la mosquée se dresse au milieu de ruines où les fouilles ont dénombré trois palais. L'architecture de ces demeures s'inspire de l'Orient, de l'Irak et de la Perse. L'art Hammadite est une branche de l'art Fatimide. Moins raffiné que celui des ZAirides, il atteste cependant d'un goût du luxe favorisé par l'abondance de ressources. La chute du Royaume de Kairouan canalise vers la Kal'a des Beni-Hammad, le courant commercial et culturel qui aidera à l'épanouisement des Hammadites.

Les ALMORAVIDES

Les ALMOHADES

retour
Cheïkh Kaddour Benachour

Kaddour Benachour (1850-1938) est, par sa réputation d’apôtre du soufisme, entré dans la légende. Son tombeau à Nédroma sa ville natale est devenu un lieu de recueillement pour les habitants et les fidèles qui ont adopté la voie (tariqa) qu’il a tracée par son enseignement dans la recherche de la Vérité de Dieu, où se tiennent des "madjmaa" ou séances d’audition spirituelle.

Ce soufi maghrébin du vingtième siècle a eu une vie très riche parfois même déroutante et mystérieuse. En dehors de sa très forte production poétique se rapportant à l’amour divin ce mystique était également connu par l’intensité de sa vie ascétique enfin, ses mérites (manakib). La publication, il y a trois années, par M. Mohmed Bénamar Zerhouni de l’oeuvre poétique inédite de ce saint-savant mystique a été d’une contribution à l’étude des doctrines mystiques musulmanes et de leur évolution historique dans le Maghreb sans parler de l’intérêt que présentent les textes d’arabe populaire maghrébin pour les linguistes. Un recensement établit à près de 500 le nombre de "qacida" du recueil (diwan) de poèmes mystiques de ce savant-saint contemporain. Il est à noter que le Maghreb a connu de son passé un grand mouvement de pensée soufie avec Sidi Abou Madyan Choaib, Mahieddine Ibn Arabi au Moyen-Age arabe et plus proche de nous encore l’Emir Abdelkader qui ont légué un trésor de littérature d’essence spirituelle.

Ce Charif Hassani Zerhouni, Idrissi de descendance était, dit-on, illettré avant de recevoir "l’illumination". Dans son autobiographie il fait remarquer que les poèmes de sa production sont le fruit d’une inspiration du moment. A l’exemple d’autres soufis notamment Cheïkh Mohamed Ben M’saib (18e siècle), Sidi Kaddour Benachour était lui aussi musicien. Il dirigeait un orchestre et chantait les poèmes de son inspiration. La poésie de cet autodidacte inspiré, remplit ses fonctions dans les deux thèmes qui sont : l’amour divin et la satire dirigée contre les mauvaises moeurs ou actions pour une purification intérieure de l’initié dans la voie (tariqa). Le répertoire des chansons de ce savant mystique a fait le bonheur et la réputation des grands interprètes-musiciens comme le défunt Cheïkh Salah Benchaabane, Driss Rahal, Ghenim Mohamed dit Nekkache, Cheïkh Ramdani, Ahmed Hassouna, Cheïkh Mohamed Ghaffour aujourd’hui fidèle adepte de la zaouia derquaouia-achouriya et d’autres encore comme Hadj M’hamed El Anka.

Parmi les chansons les plus connues du répertoire de ce poète mystique nous citerons : Ya ahla Allah (ghoutia), Ya layam, rabiia (printanière-), Saâdi rit el barah, Ya oualfi Mériem, Man lam dra aachki... Dans ces chansons, le sens mystique est souvent dissimulé sous l’apparence du langage amoureux ou bacchique. Dans ces poèmes, ce soufi contemporain s’exprime d’une manière lyrique dans un style imagé plein de métaphores et de symboles qui leur confère un caractère ésotérique. Cheïkh Kaddour Benachour qui a longtemps séjourné à Tlemcen a laissé pour disciple continuateur de la voie achouriya, Cheïkh Benaouda Mamcha (1888-1983), cousin et époux de la soeur de Messali Hadj. A Tlemcen, comme à Nédroma, la zaouia achouriya compte de nombreux adeptes avec des réunions quotidiennes consacrées aux prières et à la méditation. A Tlemcen, cette zaouia participe avec beaucoup de solennité à la célébration des fêtes religieuses. Il en est de même pour les autres tariqa existantes dans la vieille cité zianide, à savoir les zaouias de l’ordre des derqawiya de Cheïkh Hadj Mohamed Benyellès, hibriya de Cheïkh Belkaïd et alaouïa du Cheïkh Mohamed Benalioua. Ces foyers religieux ont joué un rôle très important dans l’apprentissage du livre sacré, le Coran mais aussi dans la transmission des vieilles traditions d’éducation religieuse. Ces zaouias ont chacune également leur "medjmaa" ou séances hebdomadaires, généralement le vendredi, réservées aux femmes. Dans ces séances, le temps est souvent partagé entre les sermons éducatifs où il est question de la vie du Prophète (Sira) et le chant religieux (samaa ou samii). Jusqu’en 1947 se rappellent encore certains vieux adeptes de ces rencontres qui regroupaient de centaines d’adeptes de Zaouia provenant de différentes villes du Maghreb à El Eubbad où est enterré Abou Madyan Choaïb (13e siècle) dont la plupart des zaouias de l’Occident musulman remontent leurs chaînes initiatiques. C’est l’occasion de veillées interminables avec au menu la lecture du Saint Livre, le Coran et le chant mystique dit "samaa". Les meilleures voix rivalisaient la nuit durant dans ce chant qui a pour but de sensibiliser le mouride (l’aspirant) à la vie soufie basée, comme on le sait, sur la piété et les valeurs de repentir, d’humilité, de crainte, d’espérance. La zaouia achouriya de Nédroma a connu ces dernières années un regain de vie avec Cheïkh Kheddam et aussi Cheïkh Mohamed Ghaffour qui a préféré "se détacher de ce monde pour se consacrer à Dieu" après une carrière musicale plutôt riche. Il est à rappeler que la célébration du 56e anniversaire de la mort de Cheïkh Kaddour Benachour a été vécue comme un grand moment culturel par la ville de Nédroma.

Source : Elmoudjahid, El-Hassar Benali

retour
Sidi Ahmed el Bejai :

Abd -el -Moumen, se promenant dans ses Etats avec une armée, était campé à Ain-Kebira, une grande fontaine sur la montagne au dessus de Nédroma, quand un de ses fidèles serviteurs, un derviche nommé Sidi Ahmed el Bejai, l'avertit qu'un complot pour l'assassiner la nuit suivante était tramé pas ses propres officiers. Il était trop tard alors pour en arrêter l'effet, et le seul moyen d'éviter la mort, d'après El-Bejai, était de mettre sous la tente du prince, avec ses propres habits, quelqu'un qui se ferait tuer à sa place. Le généreux derviche s'offrit lui-même et fut assasiné. Mais le lendemain, quand les meurtriers se préparaient au partage des dépouilles du sultan, celui-ci, paraissant tout à coup au milieu d'eux, comme un vengeur envoyé du ciel, les glaça de terreur, et, profitant de ce moment, les fit arrêter pas les gardes. Ils étaient nombreux et il fallait une grande prison pour les enfermer. Il en fit bâtir une aussitôt au bord même de la fontaine où il était campé. C'est là l'origine des grandes ruines qu'on voit à Ain-Kebira. Mais, comme on achevait les travaux, Abdel-Moumen entendit pendant son sommeil une parole venue d'en haut : "Ia, Sidi Rhali ameur !"- un calembour charmant, m'a-t-on assuré,- qui le mit dans la plus grande perplexité; si bien qu'il leva aussitôt son camp, descendit vers la plaine de Mezaourou, et quand s'arrêta la mule chargée des reliques du fidèle Bejai, l'armée s'arrêta, et elle éleva à cette place même un tombeau et une koubba au nouveau marabout protecteur de la nouvelle ville bâtie à côté de lui, autour de la kasbah où les Brutus furent enfermés. Cette ville s'appella Nédroma; elle n'eut d'abord d'autre population que la grand nombreuse laissée à la Kasbah. Mais elle fit sans doute beaucoup d'enfants, puisque Néroma fut tout de suite une grande ville . Plus tard, comme elle était un des points les plus voisins de la côte d'Andalousie, elle reçut un accroissement considérable des Maures chassés d'Espagne, dont quelques descendants existent encore dans la ville, conservant, comme de juste, la clef de leur maison de Grenade ou de Gordoue.

Source : M. Dr Verdalle

retour